La Débacle allemande

MAUBRAY A L'HEURE DE LA DEBACLE ALLEMANDE DE SEPTEMBRE 1944

Auteur : Omer HELLIN

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquaient en Normandie. Ce n’est toutefois qu’environ trois mois plus tard – soit le 2 septembre – qu’ils entrèrent en Belgique, et ce dans le Tournaisis.

A la fin du mois d’août 1944 déjà, l’armée allemande reculait. Mais le dimanche 3 septembre 1944, au petit matin, une petite colonne ennemie, à la dérive, venant de Mortagne traversait Laplaigne. A cette heure-là, des résistants – peu armés il est vrai, car ils attendaient précisément une livraison d’armes et l’accord de la gendarmerie pour aller intercepter les collaborateurs et rexistes de la commune – étaient rassemblés à l’extérieur de leur local; les Allemands les repérèrent et des coups de feu furent échangés. Au terme de la fusillade, quatre habitants de Laplaigne y avaient laissé leur vie : Jean LEMAIRE, Alphonse DE ROUCK, Camille DERVAL et Désiré DELCOURT.

La colonne poursuivit sa route vers Antoing mais, afin d’éviter la présence de convois anglais qui se trouvaient dans la Grand rue, dévia vers Maubray et arriva dans le village via la Grand route et la Rue de la gare. Beaucoup de fidèles se dirigeaient alors à pied vers l’église en vue d’assister à la messe de 10 heures. Des drapeaux aux couleurs nationales flottaient déjà sur plusieurs façades. Croyant avoir affaire à des soldats alliés, les passants - d’abord enthousiastes vis-à-vis de ces pseudo-libérateurs - durent rapidement réfréner leur ardeur en réalisant leur cruelle méprise.
Le poste de commandement de l’Armée Secrète (A.S. 497), dirigée par Léon BRABANT (1), se trouvait à la ferme de Bouchegnies, à l’angle de quatre communes : Maubray, Vezon, Wasmes et Fontenoy. Au vu de l’attroupement des résistants sur la route, les véhicules militaires s’immobilisèrent et leurs occupants se réfugièrent dans les bois et bosquets environnants (N.B.- Ceux-ci n’existent plus à l’heure actuelle; ils doivent avoir disparu lors du tracé de l’autoroute). Refusant de se rendre et bien décidés à résister, les Allemands se défendirent avec âpreté. D’autres groupes de résistance, notamment de Wiers, vinrent rapidement en renfort.
Aucune perte humaine ne fut à déplorer dans les rangs de l’A.S. Par contre, les Allemands laissèrent trois tués (dont l’officier, qui se serait suicidé) et deux blessés sur le terrain. Avant de mourir, un des soldats réclamait désespérément sa mère ! Arrêtés un à un, la douzaine d’Allemands survivants furent remis aux mains de la gendarmerie et des Américains. Les morts furent envoyés à la morgue de Maubray en vue de leur inhumation dans le cimetière adjacent. Une auto, un camion, et deux motos furent récupérés.

(1) L’organisation de résistance connue sous le nom d’Armée Secrète (A.S.) comptait au 1/06/1944 un total d’environ 50.000 hommes. Son commandant, le lieutenant-général PIRE, avait tenu à doter ses hommes d’un uniforme. 60.000 salopettes kaki furent fabriquées pendant l’été 1944. Elle furent revêtues du "badge" représenté ci-dessous : « lion jaune, rugissant, sur fond rouge et noir, en forme de triangle ». L’A.S. avait comme objectif essentiel de faciliter les opérations de débarquement et d’invasion du continent et de coopérer ainsi à la libération de la Belgique.  A cet effet, elle reçut les missions suivantes :
  • sabotages,

  • guérillas,

  • aide aux troupes alliées.

Maubraisiens faisant partie de l’Armée Secrète au début septembre 1944

(les années désignent l’époque de leur entrée)

  • Sous-lieutenants : Gérard PLANCHON (1941), Léon BRABANT (1941), Gérard DUMONT ( ?)

  • Sergents : Edmond PICALAUSE (1941), Henri MARTINAGE (1942), Gérard BOITE (1943), Georges DEFROYENNES (1943).

  • Soldats :
    • 1941 : Joseph PAIRE, Henri MARLIER,
    • 1942 : Adolphe COURTIN, Cyrille HUIN, Jean JURION, Lucien DELFORGE, Marcel HELLIN,
    • 1943 : Gaston ROSEAU, Charles SOURDEAU, Léonce VIVIER, Edouard BERTON, Robert PLUMB, Maurice BRABANT,
    • 1944 (fin août-début septembre) : Marcel RENAUD, Jules DUCROTOIS, Fernand DIERICKX, Gilbert DEREPPE, Arthur VICART, Roland DEREPPE, René VICO, André CHARVET, Florimond MARGHEM, Jean LETURCQ, Léon DUPONT.

  • Femmes :
    • Courrier et cuisine : Louise BRICKMAN (1943), Lucienne DENEUBOURG (1943),
    • Cuisine : Marthe HUIN (1943), Germaine HOTTIAUX (1943),
    • Infirmières (religieuses) : Sœurs ALPHONSINE et MARCELLE (1943).