Le Rosoir et ses affluents
Auteur : Serge ROMMES
Les habitants de la région se sont longtemps cantonnés au bord de l'Escaut mais, celui-ci non canalisé sortait régulièrement de son lit (En 1408, l'Escaut déborde et Vezonchaux est inondé) et rendait les abris des colons du fleuve incertains.. De plus, les invasions barbares étaient fréquentes et dévastatrices, ce qui poussa nombre de nos ancêtres à remonter les petits cours d'eau de la région. Un de ces rieux est le Rosoir. Il permettait, semble-t-il, une certaine navigation avec des barques à fond plat pour se frayer un chemin à travers les terres marécageuses. Il se jetait dans l'Escaut à hauteur du village de Péronnes après avoir récolté les eaux de plusieurs affluents. Il me paraissait intéressant de retracer exactement les itinéraires de ces cours d'eau à l'origine du peuplement de notre région. Après plusieurs dizaines d'heures de recherche et l'aide précieuse de certains, dont Freddy Hubaut et les écrits de Maurice Brabant, voici le résultat de ces investigations qui pourront, je l'espère vous donner l'envie de parcourir à pied ou à vélo les différents endroits décrits ci-après.
Hameau de la Muche
Depuis sa source, la Fontaine aux Aulnes aujourd'hui disparue, située dans le Hameau de la Muche à Vezon (impasse de la Muche, anciennement rue de l'Yser), il parcourt environ cinq kilomètres en terrain marécageux avant de se jeter dans le Grand-Large à Péronnes. La source du Rosoir est actuellement tarie, mais le Rosoir continue d'exister grâce à ses affluents. C'est en hiver, lorsque la végétation est la moins dense et que les précipitations sont les plus importantes que son cours peut être le plus facilement suivi.
Rejoint par le Ruisseau de la Fontaine
C'est le long de la rue du Ronquoy qu'il est rejoint par le Ruisseau de la Fontaine qui vient de l'autre côté de Vezon et dont la Fontaine au Plat d'Or pourrait bien être une de ses sources.
Puis le ruisseau du Vivier En direction du chemin de l'Attre
Ensuite, il traverse la ligne à grande vitesse, puis un bois en direction du chemin de l'Attre qu'il traverse après avoir invité dans son lit le Ruisseau du Vivier en provenance du Marais de Maubray. Dans la foulée de la traversée du chemin de l'Attre, il passe la voie de chemin de fer et s'étend alors le long du Vieux Canal pour former sur sa rive droite et jusqu'à l'écluse de Vezonchaux (N°8) un terrain fort marécageux.
Le long du vieux Canal
Il arrive le long du vieux canal, passe alors sous la Grand Route (c'est en décembre 1982 que furent réalisés les travaux de voûtement pour passer sous la Grand Route), derrière l'écluse puis se remet à longer le Vieux Canal, mais cette fois de façon assez bien canalisée et moins sauvage.
Passage par un moulin à aubes (Le moulin du Rosoir)
Avant de se rejoindre, les deux rieux passent par un moulin situé au bout de la rue du Rosoir (Péronnes). (Aujourd'hui impraticable, le chemin du Rosoir reliait d'ailleurs les actuelles rues du Rosoir et de Vezonchaux.)
Il semble qu'il n'y ait plus trace des deux aubes qui équipaient le batiment.
Une seconde vie
Bien que le Rosoir et ses affluents sont aujourd'hui presque insignifiants, il est important de se souvenir que c'est leur présence qui a fait qu'un jour, des hommes sont venus s'installer, d'abord sur Vezonchaux, Bourgeon (hameau de Fontenoy) puis sur Maubray et Vezon. L'importance de ses voies d'eau ne doit pas être sous-estimée puisque, par le passé, la navigation de barques à fond plat était possible. On a du mal a imaginer aujourd'hui que l'Escaut non canalisé provoqua des inondations jusqu'aux portes de Vezonchaux en 1408. Lors de la bataille de Fontenoy, le 11 mai en 1745, c'est-à-dire bien avant le vieux canal (inauguré en 1829), il est noté entre autres dans le livre de Maurice Brabant que la brigade hollandaise est restée à l'abri dans la vallée du Rosoir qui était donc assez importante à l'époque. Ils ont essayé à maintes reprises de pénétrer sur le champ de bataille de Fontenoy pour y participer mais ils furent repoussés vers Vezonchaux et la vallée du Rosoir par les redoutes françaises (sorte de canonnières regroupées çà et là dans la plaine).
Avant la construction du Vieux Canal, le Grand Large existait encore moins et le Rosoir serpentait vers l'Escaut, le longeait comme une Grande Ruisselle vers Antoing. Il débouchait sur la place actuelle du marché. L'utilisation des barges à fond plat a fait en sorte que les gens préféraient son cours étroit certes, mais calme, plutôt que celui de l'Escaut, plus dangereux. De plus pour accoster, on arrivait près de l'agglomération d'Antoing et non sur la rive de l'Escaut : était-elle abrupte, praticable, trop marécageuse?
Lors de la construction du Vieux Canal, il avait été décidé qu'il serait alimenté par les eaux de la Haine mais comme ses berges ne sont pas bétonnées, il le fut suffisamment par les sources et les petits cours d'eau du lieu (voir aussi le chapitre consacré au vieux canal sur ce site). Les terres de Maubray et particulièrement de Vezonchaux ont été drainées par le vieux canal, ce qui a évidemment profondément modifié l'hygrologie de la région. Il ne faut pas oublier que cette région était une région de marais et marécages, loin, très loin de son apparence actuelle.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, le tracé du Rosoir a été semé d'embûches au fils des temps puisqu'il a successivement été canalisé, voire détourné pour permettre les constructions successives du Vieux Canal, du chemin de fer, de l'autoroute, du Grand Large et de la ligne TGV. Décidément, pour le Rosoir, la vie n'a pas été un long fleuve tranquille...
Depuis 2014, suite aux modifications des normes environnementales, la station d'épuration construite à Vezon rejette ses eaux épurées dans le lit du Rosoir, pour les emmener vers l'escaut. Une nouvelle vie grace à cette nouvelle source pour ce rieu séculaire.
La station d'épuration de Maubray, quant à elle ne rejette pas ses eaux épurées dans le Rosoir, mais bien dans l'ancien canal Nimy-Blaton-Péronnes.
Les deux stations contrubuent donc toutes deux à l'assainissement du Grand Large de Péronnes.