Métamorphose du Village entre 1952 et 2017
La Métamorphose de Maubray entre 1952 et 2017
Auteur : Omer HELLIN
Septembre 2017
Sur base de ce document de référence, et au prix d’un exercice de mémoire scrupuleux, j’ai essayé d’identifier au mieux les acteurs qui se cachaient derrière les données chiffrées y mentionnées (1).
En 1952 – on se situait quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale – l’économie du village était presque entièrement autarcique. En effet, par la seule production locale il était possible de subvenir aux besoins immédiats : logement, nourriture, habillement, chauffage.
De profondes modifications ont eu lieu depuis lors ; on reste assurément stupéfié par l’amplitude des changements intervenus dans tous les domaines sous revue :
- la modernisation agricole a amené la disparition de la petite paysannerie et l’avènement de grosses fermes modernes;
- les commerces de proximité n’ont pas résisté à la multiplication des grandes surfaces et des centres commerciaux ;
- les petits artisans ont mis la clé sous le paillasson, faute de rentabilité et/ou de repreneurs, mais aussi parce que les avantages sociaux dont ils bénéficiaient étaient loin de l’importance de ceux concédés aux ouvriers salariés.
Quoiqu’il en fût, la descente aux enfers se révéla inexorable !
(1) La monographie ne reprenait aucun nom de personnes.
En ce qui concerne la dénomination des rues, il y a lieu de tenir compte du fait que :
- « Marais de Maubray » est devenu « rue du Marais » et "résidence les Vanneaux",
- - « Marais de Morlies » est devenu « rue de Morlies ».
Examinons par le détail cette métamorphose vécue par notre commune de Maubray (2017 par rapport à 1952) :
BOUCHERS (4 en 1952 ; 0 en 2017)
- Jules DURIEUX (dit : Jules Broquet), grand place, 24;
- Marcel LEKEUCHE (dit : Marcel du Pwo), rue du Sart, 28;
- Marcel LUCAS (dit : l’petit Marcel), rue de l’aigle, 33;
- Maurice SALIGOT (dit : Maurice du Malin), rue de la gare, 13.
Situé à proximité du vieux canal et de l’écluse n°6, Jules DURIEUX trouvait chez les bateliers de passage une clientèle d’appoint hautement appréciée.
L’usage généralisé de la congélation et, à partir de là, la possibilité d’acheter en grandes quantités et à un prix plus avantageux dans les grandes surfaces a conduit le consommateur à se distancier progressivement de ce commerce de proximité.
En l’absence de motivations de la part de leurs descendants, les quatre bouchers ont été amenés les uns après les autres à cesser leur activité. Il est fort probable aussi que si d’aventure, au moment de la cessation, le local ou le matériel n’avaient plus répondu aux normes imposées, l’investissement pour une éventuelle mise en conformité dans le chef d’un repreneur potentiel eût été dissuasif.
Actuellement, il n’y a donc plus de boucheries à Maubray.
BOULANGERS (3 en 1952 ; 0 en 2017)
- Germain DEN HAERYNCK, rue de l’aigle, 6;
- Jean FONTAINE, grand route, 42;
- Maurice HANOT, rue de la gare, 1.
- BURY, de Vezon,
- Alphonse BOCQUILLON, de Callenelle ; au terme de sa tournée, il entreposait ses excédents de pains chez un membre de la famille (Léon LEVEAU ; rue de la gare, 6 ; près de l’église) à destination des clients absents au moment de son passage.
A l’occasion des deux ducasses annuelles, beaucoup de Maubraisiens allaient faire cuire les tartes – qu’ils préparaient chez eux – dans leur boulangerie favorite. Ils déambulaient le plus souvent à vélo, une main sur le guidon et l’autre tenant le porte-tartes…au risque de perdre l’équilibre !
Tous trois ont baissé le rideau depuis belle lurette, laissant Maubray orphelin d’une production locale.
BRASSEURS (2 en 1952 ; 0 en 2017)
- Louis CATOIRE, grand place, 26; son commerce fut repris par Henri Dubois, puis par Marcel Beauprez;
- Léon VIVIER (dit : Léon du Major), rue des caves, 3; dépositaire de la brasserie Concordia (Grammont).
Les casiers remplis de boissons arrivaient à domicile sans le moindre effort pour le consommateur, qui en était ravi compte tenu du poids non négligeable des bacs s’il avait dû les véhiculer lui-même.
D’autres brasseurs, venant de l’étranger, passaient également dans le village, notamment un indépendant en relation d’affaires avec la brasserie Dubuisson, de Pipaix.
Brasseurs ambulants : images d’un autre temps que les changements des modes de vie ont fait disparaître.
CAFETIERS (9 en 1952 ; 2 en 2017)
Comme c’était le cas dans beaucoup de villages, Maubray comptait un nombre élevé de débits de boisson au sortir de la guerre : 11 en 1945, dont deux n’apparaissent toutefois plus en 1952 :
- Léontine LEBAILLY, grand route, à hauteur de la jonction avec la rue de l’aigle ; la maison a été démolie il y a bien longtemps;
- Louis Lucas (dit : Louis du Bélote), rue de la gare, 15.
Les neuf autres cafés s’agglutinaient autour de trois pôles géographiques :
- Grand place :
- Emile CATOIRE, dénommé « Chez Catoire, au pont royal) », 26 ; fut repris par son beau-fils André FALESSE;
- Veuve DURIEUX, dénommé « Chez Broquet », 24 ; un snack fut exploité ensuite par Agnès LEGRAND;
- Jeanne HELLIN, dénommé « Au Djalo » ; la maison a été abattue ultérieurement en vue de la rectification de la route (pont du chemin de fer);
- Cyr TANFIN, dénommé « Chez Tanfin », 100 ; fut repris par Jean JURION.
- Près de l’église :
- Jules DE JAEGER, dénommé « Al Commune », rue Saint –Amand, 1; les bureaux de l’administration communale s’y trouvaient au 1er étage, d’où l’appellation;
- Maurice HANOT, dénommé « Chez Hanot », rue de la gare, 1 ;
- Julien LEROY, dénommé « Chez Mascarin », rue de la gare, 4.
- Rue de la gare (à mi-chemin entre l’église et le monument aux morts) :
- Alphonse MARGHEM, dénommé « Au Molicheux », rue de la gare, 10;
- Roland HAINAUT, dénommé « Chez Roland », rue de la gare, 19 ; avant lui, le café avait été exploité par Henri BONTE, et après lui par Désiré DESMYTTER.
Dans les années qui suivirent, sont venus s’y ajouter, pour un certain temps :
- AU BEAU SEJOUR, devenu par la suite « LE POKER D’AS », grand route, 14 (Vezonchaux);
- LE CHEZ NOUS, dénommé aussi « Chez Bertine », au marais de Maubray, 2;
- CHEZ Henri DUBOIS, grand place (rue de la gare, 37).
Ces lieux de rencontre, de convivialité d’autrefois se sont raréfiés au fil du temps. Lorsque chaque foyer a pu s’équiper d’une télévision et de sa voiture le mode de vie a évolué fortement et la disparition d’une clientèle régulière conduisit à précipiter la fermeture des établissements. Il faut savoir aussi que ces cafés faisaient partie intégrante de l’habitation même des exploitants qui, pour ne pas l’abandonner, préférèrent fermer plutôt que de vendre. Mais, en tout état de cause, les potentiels repreneurs n’étaient apparemment pas légion.
Il reste que ceux qui, actuellement, se sentent assoiffés ont toujours la possibilité d’aller se désaltérer dans les deux derniers cafés du village, situés grand place :
- LES AMIS DU SALON, attenant au Salon Jurion , grand route, 102 (fermé en 2019 et réouvert après le COVID sous le nom MENA BAR, tenu par Natacha Jurion (ndlr 2024));
- LE PONT ROYAL, anciennement « Chez Henri DUBOIS », puis « Chez GINA », rue de la gare, 37.
CORDONNIERS (3 en 1952 ; 0 en 2017)
Ils étaient trois en 1952 à répondre à la demande :
- Julien LEBAILLY (dit : Julien Sérafine), grand route (à la bifurcation de celle-ci vers la rue de l’aigle) ; la maison a été démolie il y a de nombreuses années;
- Jules LETURCQ (dit : l’petit Jules), grand route ; il cumulait cette activité avec sa profession de signaleur à la gare de Maubray;
- Maurice VIVIER, rue de Bitremont (N.B.- Sans certitude toutefois quant à ce troisième sur la liste reprise en 1952).
A l’époque, les productions artisanales des cordonniers recueillaient beaucoup de considération. Mais, à l’aube de la décennie 1970, on enregistra une désaffection progressive pour ce métier ; il n’avait vraiment plus la cote.
En ce qui concerne l’activité principale – la chaussure – certains préféraient acheter des souliers haut de gamme (qui ne valaient plus le coup d’être réparés) alors que d’autres privilégiaient le plastique. Le « jetable » commençait aussi à prendre des galons. D’autre part, les souliers, bottes… se confectionnaient de plus en plus en usine et non plus à la main.
En l’absence de relève et face à de telles conditions défavorables, une transmission de génération en génération se faisait de plus en plus problématique ; il ne restait donc plus aux cordonniers qu’à baisser le rideau.
EPICIERS, QUINCAILLIERS, MARCHANDS DE LEGUMES
La monographie à laquelle je me réfère précisait qu’il y avait en 1952 9 épiciers, 3 quincailliers et 3 maraîchers. Il n’y a toutefois pas lieu d’agréger ces chiffres car certains commerçants exerçaient en fait une double activité.
On dénombrait à l’époque les négociants ci-après :
- Julia CUIGNET (dite : Julia du Blanc), Marais de Morlies, 9;
- Marie DELLETTRE (dite : Marie du Clerc), rue de la gare, 12;
- Henri DRAPIER, grand route, 80;
- Julienne DUMONT, rue de Bitremont, 7;
- Denise DURIEUX, grand route, 9 (Vezonchaux);
- Julien LEROY (dit : Julien Mascarin), rue de la gare, 4 (près de l’église);
- Louis LUCAS (dit : Louis du Bélote), maison disparue (actuellement rue de la gare, 15);
- Paul LUIDINANT, grand place, 37 ; à l’emplacement actuel du café « Au pont royal »;
- Florine TANFIN, grand route, 100.
Au fil du temps, tous ont plié bagage laissant derrière eux des réminiscences de jours meilleurs.
la seule épicerie en service en 2017, située sur la grand place (rue de la gare, 22) et tenue par Nadine DRAPIER (petite-fille de Henri et fille de Paul Drapier), fermera ses portes en fin octobre 2017.
Les grandes surfaces se sont multipliées, concurrençant le petit commerce et le mettant à mal en terme de rentabilité. La voiture a facilité les déplacements et a accompagné grandement cette évolution devenue inexorable des pratiques de consommation.
FERMIERS
Incroyable mais vrai : en 1952, Maubray comptait 56 fermes ! D’où la dénomination de « village essentiellement agricole ». Comme le nombre d’habitations atteignait 425 unités, il s’ensuit que 13% d’entre elles étaient répertoriées comme « fermes » dans le recensement du début janvier de l’année, selon les critères de classification en vigueur à l’époque.
Cinq d’entre elles avaient été reprises quelques années auparavant par des familles originaires de Flandre :
- Albert COSSEMENT, rue de l’aigle, 4;
- Jozef DEFOORT, rue du Haut Bout, 61;
- Gérard FEYS, ferme de Morlies, grand route, 92;
- Maurice VAN DEN HEEDE, marais de Maubray, 11;
- Urbain VERDONCK, rue du Haut Bout, 27.
L’arrivée des tracteurs et autres machines agricoles, et corrélativement la disparition du cheval de trait, ont transformé radicalement les méthodes de travail. D’une manière générale, la mécanisation de l’agriculture conduisit la profession à une diminution des exploitations. Si la superficie agricole totale n’a que peu changé (en fait, elle a un peu diminué en raison des expropriations pour utilité publique en rapport avec : l’autoroute, le nouveau canal, le TGV), il reste que la taille moyenne des parcelles a augmenté suite au gain des terres libérées par les petits agriculteurs qui ne sont pas parvenus à s’adapter aux changements et qui ont disparu. Cette évolution a concerné tous les secteurs de production agricole : fermes céréalières, éleveurs de bovins à viande, producteurs laitiers.
On assista donc à une lente disparition des fermes du paysage. Indépendamment de l’aspect « mécanisation », il faut aussi l’attribuer aux difficultés (rentabilisation de l’investissement) et à l’absence de motivations, pour diverses raisons, de la part des descendants pour une reprise de la ferme familiale.
En 2017, il ne reste plus qu’une petite dizaine d’exploitations, toutes de tailles moyenne à grande :
- Gérard DEREUX (ses descendants), marais de Maubray, 16;
- Louis DUROISIN, marais de Maubray, 8;
- Etienne LEFEBVRE, grand route, 24;
- Lucien MONTEGNIES et fils, grand route, 181;
- Patrick RIBAUCOURT, rue du Haut Bout, 2;
- Christian VERCAUTEREN, rue des caves, 15.
Un fermier de Fontenoy, Claude HELLIN, occupe en location plusieurs hectares de prairies à Maubray le long du chemin de fer, où paissent bon an mal an 40 à 50 veaux et vaches.
MARCHANDS DE CHARBON (3 en 1952 ; 0 en 2017)
Avant d’utiliser le mazout, le gaz et/ou l’électricité, les Maubraisiens se chauffaient tout naturellement au charbon, lequel avait remplacé le bois. Ils étaient approvisionnés en 1952 par trois négociants :
- André CHARVET, grand route (grand camp);
- Emile DEHOUX, rue du Sart, 31 ; il fut bourgmestre du village;
- Octave HELLIN (dit : Octave du Jacques) ; marais de Maubray, 17.
Ceux-ci passaient régulièrement pour approvisionner leurs clients, principalement au sortir de l’été, notamment à l’aide d’un véhicule tiré par un cheval, lorsqu’il y avait pour certains d’entre eux absence de motorisation. Les livraisons se faisaient en général par sacs de 25 ou 50 kg portés à dos d’homme ; les sacs étaient récupérés après les avoir vidés en vrac sur un tas souvent dans une remise. C’était un métier fatigant mais les affaires marchaient bien.
Hélas pour ces distributeurs, les années 1960 furent celles du début d’une explosion des énergies concurrentes visées supra, et dans la foulée, le passage à la trappe de leur petit commerce. En quelque sorte, le charbon avait fait son temps et la profession s’éteignit au fil des ans.
MARCHANDS ET REPARATEURS DE VELOS (3 en 1952 ; 0 en 2017)
Ils étaient trois en 1952 à s’occuper de la vente et surtout de l’entretien et de la réparation des vélos :
- Maurice BRASSEUR (dit : l’ Brasse), rue de l’aigle, 2;
- Gilbert DELCROIX (dit : l’ Rou du Meilleur), le long du vieux canal, près de Vezonchaux;
- Léonard MARGHEM, chemin du Triquet (Bitremont), 17.
On arrivait à l’époque à la fin de l’âge d’or du vélo. D’une manière générale, les statistiques montrent un effondrement de la pratique de la bicyclette dans nos pays européens occidentaux au cours de la décennie 1960-70. Ce déclin, et cette désaffection, consécutifs à l’arrivée de la voiture se sont poursuivis sans interruption, le vélo devenant même porteur d’une image négative. Dans ces conditions, l’issue devenait inéluctable pour ces marchands.
Après un long déclin, la pratique du vélo est maintenant renaissante et le secteur est en bonne voie d’une renaissance, de quoi redonner le moral à une économie en difficulté. Mais cela conduira-t-il au retour d’un marchand de vélos à Maubray ? On peut se poser la question.
MARECHAL-FERRANT (1 en 1952 ; 0 en 2017)
La présence dans le village d’un maréchal-ferrant s’expliquait et se justifiait pleinement en 1952 eu égard au nombre élevé de chevaux de labour qui y étaient comptabilisés : 82 selon le recensement de janvier 1952. C’est l’activité que déployait Henri COQUETTE à l’arrière de son habitation, au n° 9 du marais de Maubray (signalons, pour la petite histoire, que le cheval était parfois remplacé par le boeuf chez les plus petits fermiers).
Mais son principal client, l’agriculteur, délaissa graduellement ses chevaux – qui avaient pourtant été ses précieux auxiliaires de travail – au profit de la machine, laquelle lui procurait un gain de temps et, par ricochet, d’argent sur le long terme. Ainsi, la mécanisation de l’agriculture conduisit la profession à une disparition. Certes, le maréchal-ferrant réparait aussi les outils agricoles, cerclaient les roues, aiguisait les outils tranchants… mais tout cela ne constituait pas son activité principale, son « core business » dirait-on aujourd’hui.
Henri COQUETTE eut la possibilité, vu son âge avancé au moment du déclin, de poursuivre son métier jusqu’à l’heure de la retraite sans trop de déconvenues.
Les derniers chevaux de trait présents dans le village étaient ceux de Henri JACQUART, de Vezonchaux ; ils participaient par ailleurs aux processions religieuses dans les années 1990 (voir à ce sujet le reportage sur les processions).
Notons qu’il n’y avait déjà plus de bourreliers ni de charrons en 1952.
MENUISIER (1 en 1952 ; 0 en 2017)
Les besoins du village en matière d’équipements mobiliers destinés à l’usage personnel et à l’aménagement des habitations étaient couverts par un seul menuisier en 1952 :
- Jules MARTINAGE, sis au n° 8 du marais de Morlies.
Sa clientèle était essentiellement locale car il ne disposait pas d’engin motorisé pour assurer ses livraisons. Il travaillait avec son fils Henri qui, au moment de la cessation d’activité de la menuiserie, alla s’installer à Antoing, où il ouvrit un important atelier pour la fabrication de volets en plastique sous la marque « ANTONIA-VOLET ».
On pouvait voir régulièrement dans les rues du village Jules et son fils poussant leur charrette à bras chargée de meubles divers. Le transport le plus lugubre et certainement le plus impressionnant pour l’adolescent que j’étais concernait celui de cercueils… hélas non dissimulés sous une housse !
MERCERIES (2 en 1952 ; 0 en 2017)
Les couturières maubraisiennes pouvaient trouver leur bonheur en 1952 en allant s’approvisionner dans l’une ou dans les deux merceries du village ; à vrai dire, il semblerait que celles-ci étaient même au nombre de trois :
- Marie-Antoinette DUMONT, grand place, 37;
- Hélène DEGALLAIX (épouse Maurice Dereppe), rue du couvent, 3;
- Julia CUIGNET, marais de Morlies, 9 ; activité exercée en complément à son épicerie et à celle de son tailleur de mari Lucien Dereppe.
Antérieurement - mais encore quelque temps après la guerre - Elie MAGIS avait tenu pendant de nombreuses années une mercerie à la rue des sables, 2 ; comme la maison vendait aussi accessoirement des sucreries, les garçons fréquentant l’école située à proximité y allaient dépenser leur argent de poche !
PEINTRE ET VENDEUR DE PEINTURES (1 en 1952 ; 0 en 2017)
Il n’était pas Maubraisien d’origine mais avait passé un certain temps pendant la guerre à la ferme de Léon LEVEAU, près de l’église (rue de la gare, 6). Roger MAZURELLE s’y cachait afin d’éviter la déportation et le travail obligatoire en Allemagne, refusant délibérément de se soumettre à la loi de l’occupant, avec bien évidemment tous les risques que cela comportait.
A la fin des hostilités, il s’installa avec son frère, au n°3 de la rue des Sables, comme peintre en bâtiment et distributeur de peintures, mais pour un court laps de temps toutefois car, après quelques années de présence seulement, il quitta le village pour aller poursuivre ses prestations à Gaurain.
SALONS DE COIFFURE (1 + 2 en 1952 ; 3 en 2017)
La référence en matière de coiffeur - ou plutôt de coiffeuse - en 1952 était Germaine MAROILLE, installée rue du Biez, 9, puis au Trou de potier, 1. Ses services s’adressaient aussi bien à la gent féminine que masculine. Dans son salon, la convivialité y était de mise.
Deux autres personnes trouvaient aussi leur place, en quelque sorte, dans la famille des coiffeurs, mais elles n’exerçaient leur art que le soir et durant les w-e, indépendamment de leur emploi principal :
- Cléopha CANTILLON, rue du Sart, 10 (al’coopérative);
- Odon ESCALIER, rue des caves, 1.
Cette profession recueille, et a toujours recueilli, un succès certain puisqu’elle est la seule parmi toutes celles passées en revue dont le nombre n’a pas diminué. On ne peut en effet passer sous silence celles et celui qui ont aussi occupé plus ou moins longtemps le terrain mais qui ont à présent tiré leur révérence :
- Georgette DEROECK, rue de la gare, 33;
- Noémie DUBOIS, grand route, 80;
- Nadia CROMBEZ, rue de la gare, 13;
- Carine VICO, marais de Morlies, 7;
- Stéphane DEFOORT, rue de Bitremont, 19.
Au nombre de trois actuellement, les salons ont noms :
- Isabelle, grand route, 64;
- L’Hair du Large, grand route, 50;
- Styl’Coiffure (service à domicile uniquement), rue du Haut Bout, 18.
TAILLEUR (1en 1952 ; 0 en 2017)
Déjà présent sur le sol maubraisien avant la dernière guerre, Lucien DEREPPE exerçait son métier de tailleur dans sa maison du n°9 du marais de Morlies. Il dut interrompre le travail pendant sa captivité en Allemagne, mais le reprit de plus belle dès son retour dans le pays. Plusieurs apprentis masculins, en quête de formation, profitèrent de ses conseils et de son expérience. Trois jeunes Maubraisiennes firent aussi leurs premières armes dans son atelier : Gisèle Lucas, Andrée Hennequin, Nelly Cambier. Mais c’est Marie Sarot qui resta son assistante dans la durée : pas moins de 14 ans, et il a fallu le départ de celle-ci pour que Lucien, se retrouvant seul, commença à lâcher du lest pour finalement mettre un terme à sa profession dans la décennie 1960-70.
PERORAISON
Le but de la présente analyse a été de montrer comment Maubray a changé de visage et s’est transformé en 65 années, comment – pourrait-on dire – il est entré dans la modernité. L’univers dans lequel nous baignons en 2017 n’a en effet plus rien de comparable avec celui de 1952 ; des pans entiers d’activité ont disparu, au profit d’autres, heureusement.
Les Maubraisiens qui ont vécu in situ les années d’après-guerre sont pourtant en droit de se dire, et sans doute avec raison, « Je ne reconnais plus mon village » ! D’autant que, si je sors de l’épure au sein de laquelle je me suis confiné - à savoir tout ce qui touche aux professions liées au commerce, à l’agriculture et à l’artisanat - il y aurait lieu pour compléter le tableau d’y ajouter la disparition des fondamentaux : la gare, la poste, la gendarmerie, la douane, le curé, le bourgmestre, l’école communale, les deux fanfares, les deux cercles dramatique, les patros, diverses sociétés (tir à l’arc, cercle colombophile, jeu de boule, jeu de balle pelote) et ma liste n’est probablement pas exhaustive.
Mais foin de nostalgie, il faut tourner la page et regarder positivement vers l’avant. Un retour en arrière serait d’ailleurs difficilement envisageable pour la plupart d’entre nous. Au demeurant, n’y a-t-il pas lieu finalement de se réjouir de compter à présent à Maubray – et c’est un « plus » appréciable par rapport à 1952 - des médecins, avocats et un grand nombre de petits indépendants investis dans des secteurs porteurs ?
Septembre 2017
Omer HELLIN