Abbé Léon DEPAUW
1910-2004
- L’abbé DEPAUW fut installé canoniquement comme curé de Maubray le 17 septembre 1947 en remplacement de l’abbé LEBRUN. Ce jeune prêtre de 37 ans, choisi avec discernement par les autorités diocésaines, accepta de lier sa destinée à celle d’une paroisse au sein de laquelle les désunions et les divisions, pour des raisons essentiellement familiales, régnaient en maîtresses (les MONTAIGUS et les CAPULETS se rencontraient à chaque coin de rue !) et qui avait la réputation de « manger » régulièrement son pasteur; lorsque le doyen d’Antoing l’installa, il dit, s’adressant aux paroissiens en soupirant : « J’espère que celui-ci vous le garderez, un troisième curé en sept ans cela doit suffire » ! Inutile d’entrer dans plus de détails pour comprendre l’atmosphère très particulière qui régnait dans la commune. Mais plein d’enthousiasme, l’abbé DEPAUW a pu s’appuyer sur une famille unie et dévouée (sa maman, deux sœurs, un neveu et une nièce) pour mener à bien son apostolat et conquérir les cœurs de manière progressive.
- LEON DEPAUW naquit à Lessines en 1910; fils de patrons-carriers, il était le cinquième enfant d’une fratrie qui en comptait six : quatre garçons et deux filles. Ses parents, qui lui avaient inculqué le sens du social, avaient toujours pensé faire de lui un avocat, mais il a jugé, à l’âge de quinze ans, que la vocation sacerdotale lui conviendrait mieux pour remplir la mission sociale qu’il s’était assignée.
Dès ses études primaires terminées dans sa ville, il suivit successivement les cours à l’athénée d’Ath puis à l’institut Saint-Louis à Bruxelles pour les humanités. En 1930, il devint séminariste à Tournai jusqu’en 1936, année de son ordination. Il fut maître d’études au collège Saint-Augustin d’Enghien avant de passer au collège de Kain, où il remplit les fonctions d’éducateur et d’économe. - Ses débuts à Maubray furent parfois difficiles, car ses idées nouvelles, son dynamisme, ses initiatives susceptibles de bouleverser les mentalités et les habitudes ne furent pas toujours bien comprises. Mais avec le temps, il sut gagner la confiance des fidèles et des autres, et se faire adopter au sein de la communauté paroissiale.
Un événement allait conditionner la suite de son sacerdoce : son voyage à Fatima, au Portugal, en 1948, qui l’amena à porter à la vierge des apparitions une intense dévotion. A preuve, la dénomination retenue pour l’école des religieuses (Notre-Dame de Fatima) ainsi que pour la chapelle qu’il fit ériger au centre du village.
Il s’intéressa spécialement à l’enseignement, surtout au moment où, en 1952, les écoles des sœurs, devenues libres mixtes, furent subventionnées.
La salle du patronage, qu’il aménagea, servit non seulement aux patronné(e)s mais comme lieu de rencontres pour l’assistance à des séances de cinéma le dimanche. Une aire pour le jeu de boules à la platine y fut installée. - Au niveau de son implication dans la vie associative locale, il fut :
- président du Sourire artistique,
- fondateur du Montbretia, du patro, de la ligue féminine,
- membre de La Jeune Paume, de la société de boules Saint-Joseph, des manilleurs de la Sainte-Barbe.
- En plus de la prêtrise, l’abbé écrivit beaucoup : non seulement « Notre journal » hebdomadaire relatant les informations paroissiales – dont il était le principal rédacteur - mais également divers ouvrages dont un sur l’histoire des curés de Maubray depuis 1680.
Son plaidoyer en faveur de la réhabilitation de l’honorabilité de LACQUEMANT, surnommé le « curé des pourcheaux » (affaire du Maugré), accusé de meurtre et exécuté sur la place du village en 1850, suscita de la stupéfaction voire de la réprobation.
Enfin, cela n’est pas le moindre de son dévouement : la tournée en tant que chauffeur du minibus parmi les artères du village pour amener les enfants à l’école ! - En 1997, il avait alors 87 ans, l’abbé DEPAUW, après un demi-siècle de présence à Maubray (il avait connu 7 papes !), décida de se retirer dans sa famille à Bruxelles. Sans doute un peu nostalgique de la région où il avait passé tant d’années, il revint vivre dans un institut à Willaupuis. C’est là qu’il décéda en 2004.