Paul DELLETTRE

1897-1962

  • Connu sous le pseudonyme de « Paul du Clerc », il naquit quelques années avant la fin du 19e siècle. Ce sobriquet lui venait héréditairement de son père, qui officiait en tant que clerc-organiste à l’église du village. Lui-même assura d’ailleurs la succession de son père dans cette fonction et permit donc au surnom dont il s’était vu affublé de garder toute sa signification.

  • Nul doute que les prédispositions familiales pour la musique devaient amener Paul à jouer un rôle – et il fut loin d’être négligeable – dans le contexte associatif de l’époque dominé d’une manière générale par la présence de sociétés musicales , Maubray n’en faisant pas exception.

  • En 1923, il dirigeait l’unique fanfare du village, dénommée Société des Fanfares de Maubray. Suite à une querelle au sein de sa propre famille, celle-ci se divisa cette année-là en deux clans, de même d’ailleurs par ricochet que la phalange qu’il conduisait !

    Il quitta le local, qui était tenu par un des membres de sa famille (CYR TANFIN) devenu persona non grata, et fonda une nouvelle phalange, appelée Fanfare Royale (aussi appelée : Musique du Clerc), avec une partie des musiciens qui prirent parti pour lui; le reliquat des instrumentistes poursuivit son activité au local d’origine, sous la direction d’un autre chef (VICTORIEN WALLEMACQ), sous le nom de Fanfare l’Union. (dite aussi : Musique TANFIN).

    Pendant la guerre 1940-45, les activités des deux fanfares furent mises sous l’éteignoir. Mais, au sortir de celle-ci, les querelles reprirent de plus belles. Paul et ses amis, à qui il manquait une grande salle pour organiser des spectacles et des bals, édifièrent en 1946 le « nouveau salon », à proximité de l’ancien, ce qui ne fit qu’exacerber les tensions.

    Paul dirigea sa société avec beaucoup de compétence et de détermination. L’animosité entre les deux fanfares était à son paroxysme à cette époque et il n’était pas question pour lui d’éventuellement se laisser damer le pion, car son amour-propre était profond.

    A la fin des années 50, sa santé déclina brusquement; par la force des choses, il abandonna les rênes de la société et passa le témoin à son beau-frère, Léonce Vivier. A quelques mois près, il rata les célébrations organisées fin 1962 à l’occasion du centenaire de sa fanfare, année au cours de laquelle il décéda.

  • La Fanfare Royale était couplée à une société dramatique (ARS & CARITAS), dont les représentations avaient bien naturellement lieu au nouveau salon. Paul en était le régisseur. Sous sa direction furent interprétées deux fois l’an des œuvres réputées, telles que : L’Arlésienne, Les Deux Orphelines, La Porteuse de pain, Le Rosaire, Roger-la-Honte.

  • Déjà pendant l’occupation allemande, Paul dirigeait la troupe théâtrale qui se produisait dans la salle du patronage et qui visait à récolter des fonds en vue d’en faire profiter les prisonniers de la commune via l’envoi de colis contenant des victuailles. Il fut d’ailleurs l’auteur d’une pièce en quatre actes intitulée « Sous la botte nazie », dont l’action se passait en mai 44 quelque part en Belgique, et qui fut interprétée à deux reprises début 1945.

  • Comptable de formation, Paul Dellettre avait un sens inné de la précision et de la rigueur. Ses deux sociétés (fanfare et dramatique) meublaient la totalité de ses loisirs; elles étaient toute sa vie. Sans jamais faiblir ni même transiger, radical et inflexible, il garda toujours ses distances vis-à-vis de la fanfare et de la dramatique « concurrentes » ! Paul avait deux enfants, tous deux décédés actuellement.
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